La demande émane d’un psychologue exerçant dans un centre médico-psychologique au sein d’un centre hospitalier.
Les psychologues de ce centre hospitalier ont été récemment sollicités par des médecins et le Directeur de l’informatique médicale pour, d’une part établir des diagnostics à partir des codes Z et R de la classification CIM10, et d’autre part, pour saisir ces codes au moyen d’un outil informatique de recueil d’activité en utilisant un code d’accès informatique professionnel. La demande des médecins est qualifiée d’informelle, la demande du DIM est définie comme « formelle » et peut déboucher sur une modification du logiciel de saisie. Le psychologue laisse par ailleurs entendre que cette demande pourrait s’étoffer et concerner à l’avenir d’autres codes et/ou classifications.
Le collège des psychologues de l’hôpital, à l’issue d’un vote, a fait part de son opposition à ces demandes.
Le psychologue demandeur fait appel à la commission, avec d’autres collègues, « pour aider à déterminer une position déontologique défendable au regard de ces demandes ».
Année de la demande : 2007 Demandeur : Contexte : Objet de la demande : Questions déontologiques associées : - Respect de la personne
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La demande peut se décliner en deux points dont la Commission traitera :
Le psychologue est-il tenu de (doit-il, peut-il) participer à l’établissement de diagnostics à l’aide d'une classification (CIM 10 ou autre)?La règle déontologique à respecter ici est celle énoncée à l'article 5 du Code de déontologie des psychologues, qui leur fait obligation de n'intervenir professionnellement que dans leur domaine de compétence, et qui définit celle-ci comme étant liée à leur formation initiale et continue et leur expérience pratique. Article 5 - Le psychologue exerce dans les domaines liés à sa qualification, laquelle s'apprécie notamment par sa formation universitaire fondamentale et appliquée de haut niveau en psychologie, par des formations spécifiques, par son expérience pratique et ses travaux de recherche. Il détermine l'indication et procède à la réalisation d'actes qui relèvent de sa compétence. Ainsi, un psychologue peut s’estimer compétent et poser un diagnostic psychopathologique sous réserve qu’il ait reçu une formation clinique et acquis de l'expérience dans ce champ, suivant en cela l'un des principes généraux affirmé au Titre I, 2 du Code : A noter que dans la situation présentée ici par le demandeur, il ne s'agit pas à proprement parler d'établir des diagnostics nosographiques puisque la demande de l'institution porte uniquement sur les codes "Z" et "R" de la nomenclature CIM 10 de l'Organisation Mondiale de la Santé (1). Bien que les codes Z et R ne soient pas centraux pour l'établissement d'un diagnostic par les psychologues, la Commission s'est saisie de la question plus générale du diagnostic suivant en cela la préoccupation du psychologue qui s'interroge sur les éventuelles demandes à venir. En conclusion : l'attribution d'un ou plusieurs codes "Z" à un patient peut entrer dans les compétences d’un psychologue. Concernant l'attribution d'un code diagnostic proprement dit, la réponse du psychologue s'appuie d'une part sur sa compétence propre et d'autre part sur le caractère scientifiquement reconnu ou non de la classification et des méthodes utilisées. Le code correspondant au diagnostic peut-il être saisi sur une fiche informatique ?La Commission se placera ici au niveau hypothétique d'une demande qui porterait effectivement sur un diagnostic psychopathologique nosographique. Dans ce cas de figure, la question comporte plusieurs aspects qui touchent à des niveaux différents : (a) la question de l'informatisation de données concernant une personne ; (b) la question du contrôle de l'usage qui peut être fait de ces informations et (c) la responsabilité du psychologue. a) L'informatisation de données concernant une personne.Sur ce point, le Code rappelle dans son article 20 que toute informatisation concernant des renseignements personnels est soumise à la loi Informatique et Libertés. Il est nécessaire et important que le psychologue puisse rendre compte de son activité, cependant le fait de rendre compte peut être dissocié de la codification. L'introduction de dossiers-patients informatisés au sein des hôpitaux engage d'abord et avant tout la responsabilité du directeur de l'hôpital et de l'administration quant à la garantie de la confidentialité des fichiers. Le psychologue aurait tout intérêt à se renseigner sur ces garanties. b) Contrôle de l'usage qui peut être fait de ces informationsCette question concerne très directement le psychologue qui ne peut se dispenser de réfléchir à l'usage direct ou indirect, mais prévisible, qui peut être fait de ses avis et évaluations. C'est un principe général formulé au Titre I, 6 du Code. Cet aspect est évidemment lié à la question de l’informatisation, mais il engage aussi le psychologue à réfléchir sur l'impact éventuel sur le sujet lui-même (le patient) d'un diagnostic, qu'il soit "codé" ou non, et d'autant plus si celui-ci est posé à l'insu du sujet. L'article 12 établit le droit de l'intéressé à prendre connaissance des résultats de l'évaluation dont il a fait l'objet. c) La responsabilité du psychologueLa Commission rappelle que le psychologue a l'entière responsabilité de ses actes. Ainsi, tout professionnel, quel que soit son lieu d'exercice et le contrat qui le lie à son employeur ou à son client, est seul juge du choix de ses méthodes et de la manière dont il va retranscrire ses observations. Suivant ce principe, il peut s’abstenir d'utiliser un mode de saisie qu’il estimerait en désaccord avec la déontologie de sa profession, l'éthique ou la loi, comme le rappelle le Code, dans le Titre I, 3 et l’article 8 : La Commission estime enfin que, pourvu que l’ensemble des règles rappelées ci-dessus soient respectées, l'établissement d'un diagnostic psychopathologique fait partie des missions d'un psychologue qualifié et compétent dans ce domaine. Pour la CNCDP Articles du code cités dans l'avis : Titre I, 2 ; I, 3 ; I, 6 ; Articles 5, 8, 12, 18, 20
1 Les codes "R" répertorient les "Symptômes, signes et résultats anormaux d'examens cliniques et de laboratoire, non classés ailleurs (R00 - R99)". Les codes "Z" concernent les "Facteurs influant sur l'état de santé et autres motifs de recours aux services de santé (Z00 - Z99)" tels que "risques d'ordre socio-psycho-économique", "difficultés liées au mode de vie", "surmenage, manque de repos", "difficultés liées à la dépendance" ou encore "besoin d'assistance". |
Avis 07-14.doc |